clip vidéo : origins

pour savoir, il faut parfois perdre connaissance

pour voir, il faut parfois fermer les yeux

Cette vidéo de la chorégraphe Bénédicte Alcala, réalisée en collaboration avec le collectif Sidekick, est le fruit d’un désir commun : se servir de la danse et la vidéo comme d’un outil narratif vers l’inconscient.

 

Qui suis-je ?

“Heureux qui peut savoir l’origine des choses” disait Virgile. “Je n’ai pas connu mon père, je n’ai pas connu ma mère”, répète avec insistance cette voix douce, lointaine comme un écho… Origins explore la relation obscure qu’une jeune fille entretient avec son passé. Déracinée, sans famille, son âme cherche la lumière derrière les voiles et les ombres chinoises de ses souvenirs enfouis, enfuis… Qui suis-je ? Qui sont ces silhouettes sans nom, ces corps sans visages qui font le vertige de ma mémoire ?

Dans la vidéo “Introspection”, réalisée avec le danseur Kirikoo Des, le collectif Sidekick avait déjà abordé le sujet de la lutte intérieure de l’homme contre ses démons… En immergeant six danseuses dans la nuit d’une danse sensuelle, tantôt lente, presque immobile, tantôt tourbillonnante, en jouant sur le flou des souvenirs rembobinés, les dédoublements énigmatiques, les trompe-l’œil, cette vidéo questionne les profondeurs de nos âmes : pour savoir, il faut parfois perdre connaissance; pour voir, il faut parfois fermer les yeux.

Comment « filmer » la danse ?

Quel point de vue adopter, quelles distances, quels mouvements, quels cadrages ? Nous avons pris le parti de réaliser un vrai “film” qui raconte une histoire, avec début, milieu et fin. La danse est ici filmée au cœur, et restituée grâce au montage dynamique qui fond l’ensemble des mouvements des danseuses en « une » chorégraphie. C’est une façon plus efficace de donner à voir la danse, qu’avec un cadre large, fixe, où toute la scène est dans le champ, où nous captons effectivement l’ensemble des mouvements mais pas nécessairement les sensations chorégraphiques.

La danse comme quête d’identité

Ici, la chorégraphie est un moyen de se réapproprier l’image du corps, de redécouvrir son identité à travers l’acte dansé. Cette jeune fille qui joue sa vie à l’intérieur de sa tête, les yeux bandés, retrouve lentement son corps (l’essence de son existence) et se reconnaît dans le corps de celles qui l’entourent. Jeu de reflets, transparences, gestes en clair-obscur, fluidité des peaux qui se frôlent, dérive des mouvements portés par des voix anciennes, des souvenirs qui apparaissent et disparaissent… participent à sa quête d’identité, une tentative têtue de libération qu’elle mène jusqu’à l’éblouissement final.

Bénédicte Morel-Alcalá, chorégraphe, inspiratrice du Centre ió à marseille, vous présente ce clip, réalisé en étroite collaboration avec le collectif Sidekick. C’est le fruit d’un désir commun : se servir de la danse comme d’un outil narratif envoûtant, moderne, faire d’un mouvement du corps un élan de l’âme, la traduction physique, silencieuse, d’une pensée intérieure… “Il faut avoir du chaos en soi pour enfanter une étoile qui danse.” disait Nietzsche. Il faut DANSER SA VIE !

ió, 77, cours Puget – Marseille 6e – tél. 04 91 02 39 60

Production artistique / chorégraphie : Bénédicte Morel/Alcalá
Danseuses : Émilie Da Silva, Clémentine Beaumarié, Isabelle Carol, Yaelle Zakine, Stéphanie Caprio, Mélanie Coquelin
Réalisation : SIDEKICK, Etienne LARRAGUETA, Rafael MATHE
Chef Opérateur : Amine Berrada
Steadycam : Lucie Fièvre, Laurent Rochette
Equipe technique de la Fémis : machinots, éclairagistes, chef op, caméraman…
Musique : The Story Won’t Persist In Being A Closed Book – Laetitia Sherrif – Ed. Fargo 2008
Photographes Plateau : Yardena Ghanem & Florence Trinca
Stylisme : Calvin Klein